L'Homéopathie : Traitement de / par l'Information
© Dr YVES LASNE 1993


CHAPITRE I: Pourquoi mon intérêt pour l'homéopathie?
CHAPITRE II: Reproductibilité et spécificité des préparations homéopathiques
CHAPITRE III : Etude approfondie des dilutions en RMN
CHAPITRE IV : Importance du protocole de préparation des solutions homéopathiques
CHAPITRE V : Le rôle de l'oxygène
CHAPITRE VI : Analogie avec les objets fractals
CHAPITRE VII : Proposition d'un modèle d'action des solutions homéopathiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
REMERCIEMENTS

CHAPITRE I: Pourquoi mon intérêt pour l'homéopathie?

Pourquoi un livre (NDLR: ce texte aurait dû être présenté sous la forme d' un livre) sur l'homéopathie? peut-être bien par acquis de conscience.
Mon intérêt pour ce sujet résulte de plusieurs facteurs: d'une part, la constatation d'effets thérapeutiques surprenants par leur puissance et leur rapidité des médicaments homéopathiques dans des cas pathologiques où souvent des années d'échec de la médecine allopathique avaient précédé leur administration, d'autre part, un goût scientifique certain pour le " hors sentiers battus " et, probablement, des facteurs latents. La connaissance des mécanismes d'action des principes actifs utilisés en allopathie, même si elle n'est que très partielle, apporte dans de nombreux cas une interprétation satisfaisante pour l'esprit des effets thérapeutiques de ces médicaments. Il n'est par ailleurs pas choquant de ne pouvoir expliquer tous leurs effets. Il en est tout autrement en homéopathie où le mode préparatoire des médicaments comporte de telles dilutions successives des substances utilisées qu'ils sont rapidement dépourvus de toute molécule de la substance diluée . Dans la mesure où l'on assimile le principe actif du médicament à la substance dilué (1), l'action thérapeutique homéopathique ne semble donc pouvoir relever que de l'effet Placebo (2). Cependant, cette hypothèse m'apparaissait mise en défaut par les résultats obtenus chez les nouveaux-nés et les malades inconscients. C'est pourquoi j'entrepris d'étudier le remède homéopathique en cherchant, dans un premier temps, une méthodologie pouvant mettre en évidence d'éventuelles différences entre le remède et son solvant. En d'autres termes, mon but était de pouvoir répondre à la question : "Une préparation homéopathique n'est-elle que de l'eau ou bien présente-t-elle des propriétés particulières susceptibles d'exercer des effets sur l'organisme en dehors de toute prise de conscience du sujet traité?".
Dans les années 1976-1977, j'entrepris quelques essais de dilutions hahnemanniennes de radioéléments que j'avais à ma portée du fait de mon activité professionnelle. Les résultats des mesures de radioactivité des solutions obtenues furent négatifs en ce sens que le signal radioactif devenait indétectable dès les premières dilutions (5 CH). Ces échecs étaient décevants, les solutions testées n'étant pas différenciables de l'eau par cette technique, mais rassurants à la fois car ils ne remettaient pas en cause les principes de dilution que nous utilisions journellement en biochimie et en radioimmunologie. Devant ces échecs expérimentaux, je me penchais sur les matières médicales homéopathiques dans le but d'en objectiver une éventuelle cohérence à travers l'analyse mathématique de leurs données. Des tentatives de codage (3) suivi d'analyse factorielle(4) donnèrent des résultats interprétables. Néanmoins, ma conception d'un programme de recherche passait inéluctablement par la mise en évidence d'éventuels signaux physico-chimiques dans les solutions homéopathiques, nécessairement préalable, à mon sens, à toute expérimentation de ces solutions sur les modèles compliqués de la biologie ou, a fortiori, à l'objectivation de leurs effets thérapeutiques. Le côtoiement permanent de nombreux collègues de diverses disciplines me permit dès 1982 d'avoir accès à deux nouveaux moyens d'investigation: la résonance magnétique nucléaire (RMN) et la spectrométrie infra-rouge. En mai 1983, quelques préparations homéopathiques, Lavendula et Iodure de potassium, achetées dans le commerce en solutions aqueuses et alcooliques, servirent aux premiers coups de sonde. Les deux méthodologies différencièrent tout d'abord ces préparations de l'eau et de l'alcool (bien au delà de la 5ème CH) et, de plus, mirent en évidence des différences de signaux entre séries de solutions correspondant à des substances différentes, et entre différentes dilutions d'une même substance. Les mêmes solutions furent mesurées à plusieurs reprises avec persistance des différences de signaux. Enfin, deux méthodes permettaient d'aborder le "phénomène".

CHAPITRE II: Reproductibilité et spécificité des préparations homéopathiques

Me trouvant face à un phénomène nouveau, je commençai par en tester la reproductibilité et la spécificité. Je proposai donc à un industriel de l'homéopathie un protocole dont le plan expérimental était le suivant: préparer à partir de 4 lots d'eau différents (a, b, c, d), des gammes de dilutions Hahnemanniennes de 4 substances: l'Eau elle-même (E), le Soufre (S), l'Histamine (H) et l'Iodure de potassium (IK). Le même protocole fut appliqué à la réalisation de dilutions dans l'alcool à la place de l'eau. La méthode dite "Hahnemannienne", décrite dans le codex(5) de 1965 (Réf 1), fut utilisée comme mode de préparation, à partir de solutions mères à 10 % (poids sur volume) des différentes substances testées. Des dilutions successives au1/100 soumises au procédé dit de "dynamisation" (succussion(6) des flacons) avant chaque nouvelle étape de dilution, couvrirent une gamme allant de la 1ère à la 30ème CH(7) (correspondant à une gamme de dilutions de la solution mère(8) allant de 10-2 à 10-60) (Fig. 1). Les 6 dilutions retenues pour l'étude furent les 1ères non dynamisées (pour le Soufre, il s'agit de la première solution
Fig. 1 : Principe de préparation des centésimales hahnemanniennes. Chaque centésimale est issue de la précédente par dilution au centième suivie de dynamisation c'est à dire succussion du flacon contenant la nouvelle dilution.
après trituration(9)) puis les 1ères, 4èmes, 9èmes, 15èmes et 30èmes CH dynamisées (dilutions à 10-2, 10-8 ,10-18, 10-30, et 10-60 des solutions mères) de sorte que, comme le montre la Figure 2, 96 échantillons pour la série aqueuse (et autant pour la série alcoolique) furent ainsi sélectionnés en vue des mesures de relaxation magnétique. La résonance magnétique nucléaire est un phénomène physique reflétant la susceptibilité de certains noyaux atomiques aux champs magnétiques. On peut provoquer, au moyen d'aimants et d'ondes de radiofréquences(10), des modifications d'état de ces noyaux. Cette activation-induite peut être comparée au mouvement imprimé à une toupie par le fait de la lancer et, de même que le temps mis par la toupie pour s'immobiliser est inversement proportionnel aux forces de frottement subies, de même le temps mis par le noyau excité pour retrouver son état initial est fonction de l'environnement de ce noyau.
Ce temps est appelé relaxation, il est mesurable- sous forme de deux paramètres, le temps de retour du noyau par rapport à l'environnement (appelé T1 ou spin(11)-réseau) et par rapport à lui-même (appelé T2 ou spin-spin) qui sont un reflet de la dynamique moléculaire au sein de laquelle se trouve le noyau excité. Le paramètre choisi pour tester les différentes préparations homéopathiques fut le temps de relaxation magnétique T2 du proton(12) 1H (Proton = particule élémentaire de l'atome située dans le noyau et douée d'une charge positive. Sa masse est égale à 1,6726 x 10-27 kg, soit environ 1 836 fois celle d'un électron. Il est formé de 3 quarks, liés par une énergie: le gluon.) qui est de l'ordre de 2 secondes dans les conditions expérimentales utilisées.
Après une phase d'apprentissage et une recherche des conditions optimales de mesure allant du réglage de la température et de la durée des phases (notamment des pulses(13)) jusqu'à une méthode de lavage inédite de la verrerie utilisée pour les mesures (assurant une reproductibilité de mesure entre tubes de l'ordre de 2%), plus d'une année me fut nécessaire, sous la surveillance de J.C. Duplan, physicien spécialiste de RMN, directeur du centre de spectroscopie hertzienne de l'Université Lyon1, pour arriver à bout de ce protocole, ou du moins celui concernant les solutions aqueuses.
Fig. 2 : Tableau des préparations testées par mesure de leurs T2. Six dilutions (1ère CH non dynamisée, 1ère,4ème, 9ème, 15ème et 30ème CH dynamisées) des quatre substances étudiées (Eau: E, Soufre: S, Histamine: H et Iodure de potassium: IK) furent préparées à partir de quatre lots d'eau (a, b, c, d) différents, aboutissant ainsi à la constitution de 96 échantillons.
En effet, faute de temps, je dus abandonner l'analyse des solutions alcooliques. Chacun des 96 échantillons fut mesuré 5 fois à l'équilibre thermique, une mesure nécessitant 15 minutes dans les conditions choisies. Les solutions devant donc être conservées, elles furent stockées en chambre froide (8 °C), à l'obscurité. L'ordre de passage des tubes lors des mesures fut randomisé. Les résultats de toutes les mesures de T2 furent regroupés sous forme d'un tableau de 480 données (96 x 5). La Figure 3 montre les profils de T2 correspondant aux dilutions réalisées avec un même lot d'eau des 4 substances étudiées. Il apparaît qu'alors que l'eau "diluée" par elle-même ne donne pas lieu à des variations significatives du T2 d'une "dilution" à une autre, les gammes réalisées avec les trois autres substances étudiées (Soufre, Histamine et Iodure de potassium) se différencient de l'eau par l'évolution de leurs T2 avec le degré de dilution-dynamisation. La description de la somme des résultats obtenus (tableau des 480 données) n'étant pas évidente "à l'oeil", j'eus tout d'abord recours à une analyse en composantes principales(14) normées (Fig. 4) qui est l'une des méthodes de l'analyse des données (méthodes s'appliquant à mettre en évidence

Fig. 3 : Profils des T2 en fonction du degré de dilution-dynamisation des préparations réalisées à partir d'un même lot d'eau. Alors que l'eau "diluée" par elle-même ne donne lieu qu'à des fluctuations de faible amplitude du T2 d'une dilution à une autre, de réelles variations de ce paramètre apparaissent dans le cas des dilutions du Soufre (S), de l'Histamine (H) et de l'Iodure de potassium (IK). Les profils obtenus semblent former des courbes continues et monotones dans le cas de S et H mais non dans le cas d'IK dont le profil présente une cassure à la 9ème CH.
des relations ou distances entre variables, individus et variables-individus pour extraire l'information contenue dans les tableaux multi-objets/multi-variables) (Réf 2).
Les résultats parlent d'eux-mêmes avec, en particulier, regroupement par substance: une dilution de Soufre ressemble plus à une autre dilution de Soufre qu'à une dilution équivalente d'Histamine.
Une analyse de variance(15) à deux facteurs contrôlés avec interaction (nature de la substance initiale et degré de dilutions) permit de tester la "significativité" de ces facteurs (Fig. 5).
La réponse de cette analyse des données fut sans ambiguïté:
- les mesures concernant les préparations des 4 substances avec un même lot d'eau sont significativement différentes (spécificité): les dilutions homéopathiques d'eau sont différentes de celles de Soufre, elles-mêmes différentes de celles d'Histamine, elles-mêmes différentes de celles d'Iodure de potassium,
- il existe une influence significative des dilutions : le Soufre 3 CH est différent du Soufre 4 CH ou bien l'Histamine 15 CH est différente de l'Histamine 30 CH par exemple,
- par contre, les différentes préparations d'une dilution donnée d'une substance sont effectivement comparables (reproductibilité: l'Iodure de potassium 4 CH préparé avec le lot d'eau "a" est comparable à celui préparé avec le lot "b" par exemple.

Fig 4 : Analyse factorielle en composantes principales des T2 des 96 échantillons testés.
Cette analyse met en évidence un axe "pondéral" (axe 2) et un axe des hautes dilutions (axe 1), la projection des différents échantillons analysés montre un regroupement par substance.
Fig. 5 : Analyse de la variance à deux sources de variations contrôlées (lot ou substance et dilution- dynamisation) avec interaction.
Entre lots d'une même substance, c'est le facteur dilution-dynamisation et entre substances différentes, c'est le facteur substance qui expliquent au mieux la variabilité des T2 enregistrée.
L'influence de la "dynamisation", systématiquement associée à la dilution lors du protocole de préparation homéopathique, sur les résultats des mesures, fut mise en évidence par l'expérimentation suivante: une solution homéopathique d'une substance fut diluée au 1/100 puis deux mesures de T2 furent pratiquées, l'une avant, l'autre après sa dynamisation (Fig. 6).
Ceci fut réalisé avec différentes substances et à partir de différentes dilutions, les résultats se présentant sous forme de paires de mesures (avant-après dynamisation) (Fig. 7).
Un test statistique (test t apparié (16)) démontra une variation significative des temps de relaxation après l'étape de dynamisation exceptés les cas de dilution de l'eau par elle même.
Ces résultats furent admis pour une présentation officielle lors du congrès du G.R.A.M.M. (Groupement de Recherche des Applications du Magnétisme en Médecine) en Septembre 1985 (Réf 3).
Les discussions portèrent sur une éventuelle influence de la dissolution de l'oxygène de l'air et sur la possibilité d'une présence de "contaminants" métalliques dans les préparations soumises aux mesures,

Fig. 6 : Influence de la dynamisation des préparations sur leurs T2- protocole expérimental.
Deux séries de mesure de T2 furent réalisées lors de la préparation de centésimales hahnemanniennes de différentes substances, la première après l'étape de dilution et la seconde après l'étape de dynamisation.
Fig. 7 : Influence de la dynamisation des préparations sur leurs T2 - résultats des mesures de T2.
Il existe une variation significative des T2 entre les mesures effectuées avant et celles effectuées après dynamisation d'une dilution.
Ceci est illustré ici par l'exemple des dilutions d'acide nitrique ( A: avant,B:après dynamisation).

mais personne n'était alors en mesure d'expliquer la reproductibilité ni la spécificité des résultats!
Après cette confrontation, ma décision de poursuivre se renforça.
Je rédigeai un article pour une revue officielle internationale de biophysique médicale.
Après plusieurs échanges entre les membres du comité de lecture, l'éditeur et moi-même, l'article fut finalement refusé, l'un des "reviewers" n'étant pas opposé à sa publication mais l'autre alléguant que" je violais les lois d'action de masse et le deuxième principe de la thermodynamique".
Devant cet état de fait, je décidais par prudence de déposer une enveloppe "soleau" pour dater la découverte.
En effet, des travaux jugés non valides par une revue restent en la possession de ses reviewers...
Par ailleurs, je soumis un article à un organisme, le C.E.I.A., dont le responsable (Dr E. Reymond) accepta de prendre en charge la publication.
C'est ainsi que cet article fut déposé et enregistré devant huissier le 30 Décembre 1985 avant d'être diffusé dans le milieu médical international (Réf 4).
Par la suite, de nombreux contacts furent pris au niveau Européen, notamment avec des physiciens informés par des médecins.
Une physicienne spécialiste de RMN au centre d'Orsay, Madame Belbeoch, après contrôle de mon travail, m'autorisa à divulguer une lettre dans laquelle elle confirmait les résultats trouvés.
La presse fut informée indépendamment de moi.
Un journaliste sollicita une interview en décembre 1985.
Une partie de l'entretien auquel participèrent J .C. Duplan et moi-même, parut dans une édition de "L'Humanité" le 24 Décembre 1986 (Réf 5).
La "mémoire de l'eau" évoquée sur des bases physico-chimiques eut alors un impact nul sur la majorité, mais pas sur tout le monde!
Dès 1984, je fus en relation avec le monde commercial de l'homéopathie.
Je proposais à un industriel de procéder à des mesures physiques sur des solutions avant que celles-ci soient testées sur des modèles biologiques.
Ceci semblait de bon sens, mais cette démarche se solda par une fin de non- recevoir.
Quatre ans plus tard, des déclarations tapageuses nous apprenaient que la physique n'avait jamais voulu s'intéresser au problème des préparations homéopathiques!

CHAPITRE III : Etude approfondie des dilutions en RMN

La robustesse des signaux mesurés m'incitait à poursuivre les recherches dans plusieurs voies. D'un côté, je modélisai(17) les profils obtenus T2(18) en fonction de la dilution d'une substance.
Les courbes extrapolées(19) continues et monotones(20) correspondant à ces profils pouvaient ainsi être décrites comme des compositions d'une fonction décroissante(21) pouvant correspondre à une dilution "classique" et d'une fonction croissante pouvant correspondre à l'augmentation d'une entité nouvelle. Une illustration de ce modèle de filiation "père-fils"(22) est offerte, par exemple, par la disparition d'un élément radioactif (père) donnant naissance à un autre élément (fils).
Cependant, l'un des profils, celui de l'Iodure de potassium (cf. Fig. 3) posait problème, l'évolution du T2 en fonction des "dilutions" montrant une cassure nette à la 9ème CH: Ce point aurait pu être considéré comme hors loi(23) mais il était reproductible. A ce propos, il faut souligner combien il peut être dangereux de lisser et d'extraire des données à priori aberrantes, comme il est d'usage de le faire dans le domaine de la recherche médicale où les résultats ne doivent pas trop diverger du "consensus scientifique", faute de quoi ils ne sont pas publiés.
Le jeune chercheur apprend vite à se plier à cette loi du consensus, censurant lui-même ses résultats et venant ainsi renforcer le consensus qui refuse les résultats non conformes sous prétexte que "si cela était vrai cela se saurait"...!
D'un autre côté, partant du fait que tout phénomène existant doit pouvoir être détruit et modifié, j'envisageai de soumettre des solutions homéopathiques à différents traitements physico-chimiques.
Afin de réaliser ces expériences, je me mis à préparer mes propres solutions.
La mise en ordre de mes trente premières mesures (acquises dans un ordre aléatoire) en fonction de la chronologie de fabrication et donc de la dilution des préparations homéopathiques d'une substance initiale donnée fut une surprise: la répétition des préparations démontrait que toujours, dès lors que les flacons avaient été secoués (dynamisation), les profils de T2 avaient un aspect discontinu, non dérivable (Fig. 8).
En dehors du point correspondant à la 9ème CH de l'Iodure de potassium, ce phénomène n'était pas apparu lors de la modélisation des profils de T2 acquis pour l'étude de la reproductibilité des signaux.
Ceci était dû au fait que les mesures avaient alors porté par souci d'économie, sur des échantillons espacés (1ère, 4ème, 9ème, 15ème et 30ème CH) par rapport à leur chaîne de fabrication, masquant ainsi la discontinuité qui devait se confirmer par la suite comme caractéristique des profils de T2 de filiations homéopathiques.

Cette discontinuité fut explorée plus avant par l'expérience suivante.
Ayant préalablement préparé une filiation homéopathique respectant un facteur de dilution de 100 (centésimales), j'introduisis de nouvelles préparations intermédiaires séparées les unes des autres par un facteur de dilution de 10, de sorte que neuf nouvelles solutions venaient s'intercaler entre deux solutions
Fig. 8: Profils des T2 en fonction du degré de dilution-dynamisation.
La valeur moyenne du T2 de l'eau utilisée pour la préparation des solutions est indiquée par le tracé horizontal situé à 2125 ms.
Le profil discontinu correspond aux variations de T2 enregistrées pour l'acide nitrique entre la 1ère et la 60ème CH.
successives de la filiation originale (Fig. 9).
Toutes ces préparations furent alors soumises à des mesures de T2.

Fig. 9 : Etude de dilutions intermédiaires à deux centésimales consécutives -protocole expérimental.
Partant d'une centésimale hahnemannienne A, une suite de 10 solutions fut préparée par dilutions-dynamisations successives de telle façon que chaque nouvelle dilution corresponde à 1/10 de la dilution séparant A de la centésimale suivante A'.
Ainsi, 9 nouvelles dilutions ( B, C, D, E, F, G, H, I et J) vinrent-elles s'intercaler entre A et A' et la dixième (K) se superposer à A' .
Cette expérience, qui permettait ainsi un "zoom "(24) sur la région séparant 2 points de mesure consécutifs d'une filiation, montra que l'on retrouvait une évolution chaotique du signal de relaxation magnétique entre ces deux points.
De plus, il apparut que la mesure correspondant à la deuxième solution de la filiation originale se superposait à celle de la dixième solution de la nouvelle filiation. Ainsi, les mesures étaient semblables pour une dilution donnée, que celle-ci soit réalisée directement à partir d'une solution en une seule étape ou qu'elle soit atteinte à partir de la même solution initiale mais après plusieurs étapes intermédiaires de dilution-dynamisation (Fig. 10).

Fig. 10 A et 10 B : Etude de dilutions intermédiaires à deux centésimales consécutives - Résultats des mesures de T2.
L'aspect discontinu caractéristique des profils de T2 en fonction du degré de dilution-dynamisation des centésimales hahnemanniennes est retrouvé au niveau des dilutions intermédiaires à deux centésimales successives.
Les mesures des T2 correspondant aux points K se superposent à celles des points A' .

CHAPITRE IV : Importance du protocole de préparation des solutions homéopathiques

Je profitais tout d'abord du fait que je préparais alors moi-même les solutions, pour tester l'importance du mode préparatoire.
Lorsque les succussions de dynamisation étaient remplacées par des mouvements de rotation ou de retournement des flacons, le profil spécifique de la filiation homéopathique correspondante n'apparaissait pas.
Ayant préparé différentes filiations homéopathiques de substances diverses selon le protocole classique, j'entrepris alors d'analyser les effets sur leurs profils de T2 de différents traitements physico-chimiques: sonication(25) , échauffement, congélation, action de champs magnétiques et irradiation photonique.
Les données accumulées pendant un an permirent de décrire certaines propriétés du phénomène, montrant qu'il pouvait être détruit par les ultra-sons (Fig. 11), l'irradiation photonique et la chaleur(Fig. 12) mais non par la congélation. Ces divers résultats démontraient tout d'abord que les variations de T2 composant le profil

Fig. 11: Influence des ultra-sons sur le profil des T2 de centésimales hahnemanniennes.
Trois centésimales hahnemanniennes différentes (A, B, C) d'acide nitrique ainsi que l'eau utilisée pour leur préparation (D), furent soumises à des temps d'exposition croissants aux ultra-sons.
Alors que le T2 de l'eau n'est pas modifié par la sonication, ceux des centésimales d'acide nitrique subissent une modification proportionnelle au temps d'exposition qui tend à les ramener à la valeur correspondant à l'eau.
Le maximum de l'effet est atteint en 30 minutes de sonication.

Fig. 12 : Influence de la chaleur sur les profils de T2 de centésimales hahnemanniennes.
La comparaison du profil des T2 de solutions d'une substance en fonction du degré de dilution-dynamisation à ceux obtenus après chauffage de ces mêmes solutions montre une modification très importante puis totale de ce profil après chauffages respectifs à 80 et 100 °C.

d'une filiation homéopathique ne correspondaient pas à la présence aléatoire de "contaminants" métalliques dans les solutions soumises aux mesures.
Cette hypothèse qui m'avait parfois été objectée au cours de discussions avec des confrères et qui avait été déjà mise en défaut par la reproductibilité des profils correspondant à différentes préparations d'une même filiation, pouvait être maintenant définitivement rejetée.
En effet, si les signaux enregistrés n'étaient que le reflet d'une telle présence, ni la chaleur, ni les ultra-sons, ni les photons n'auraient pu les détruire.
Une absence de relation entre les résultats des mesures et la présence d'oxygène dissous dans les préparations était par ailleurs démontrée par les expériences de sonication (action des ultra-sons). La présence d'oxygène dissous se traduisant par une diminution de T2 et le traitement par les ultra-sons entraînant une diminution (par libération) de la quantité d'oxygène dissous présent dans une solution, les résultats des mesures de T2 après sonication devraient, s'ils ne correspondaient qu'à cette présence, aller dans le sens d'une augmentation et non pas de la diminution constatée.
La possibilité d'un transfert longitudinal(26) et transversal(27) des signaux enregistrés fut également étudiée.
Je mesurais ainsi les modifications de T2 de l'eau diluante engendrées par l'apport de parties de préparations présentant des hauts ou des bas T2 (transfert longitudinal).
J'enregistrai d'autre part les différences des T2 obtenus à partir de solutions de granules de lactose selon que ces granules étaient vierges ou avaient été au contact de préparations homéopathiques (transfert transversal).
Ce travail fut rapporté dans une thèse de pharmacie (Réf 6) soutenue devant un jury de deux physiciens spécialistes en R.M.N et deux enseignants de la faculté de pharmacie.
On peut dire succinctement que le signal est transférable à la restriction près du transfert sur le lactose des hautes dilutions (à partir de la 15ème CH) qui, selon les substances, n'est pas toujours effectif.
Dans tous les autres cas, le signal est transféré de manière homothétique(28) et non pas inversé.
En somme, outre qu'il s'était déjà avéré spécifique, reproductible et chaotique dans son évolution, le phénomène décrit apparaissait destructible par des agents extérieurs sans manipulation directe des solutions et transférable sur/ ou dans un autre milieu.
Par ailleurs, une réflexion sur mes résultats passés me fit me poser ces questions : pourquoi l'eau qui n'est pas absolument pure en pratique mais contient des traces de "contaminants", ne donnait-elle pas lieu à des profils caractéristiques d'une filiation homéopathique de ces "contaminants" lors des expériences de dilution homéopathique de l'eau par elle-même?
Existait-il une concentration minimale nécessaire de la substance dissoute dans une solution mère pour que les dilutions homéopathiques successivement réalisées à partir de cette solution donnent lieu à des variations de T2 (et T1) significatives, reproductibles et spécifiques?
Dans l'affirmative, quelle était cette valeur seuil en deça de laquelle ce phénomène n'apparaissait pas?
Pour tenter de répondre à ces questions, je préparai des séries de dilutions homéopathiques d'une même substance dont la seule différence était le ratio moléculaire initial, c'est à dire le rapport du nombre de molécules de la substance dissoute à celui des molécules d'eau dans la solution mère. Les mesures montrèrent qu'effectivement la fréquence et l'amplitude des variations de relaxation des dilutions composant une filiation homéopathique dépendaient du ratio moléculaire initial.
Le ratio que j'avais respecté lors de toutes mes expériences précédentes apparut optimal et je décidais donc de le conserver pour la suite des travaux.
J'envisageais alors d'évaluer l'influence de certains facteurs contrôlables de la fabrication des préparations homéopathiques: nature des flacons utilisés, nombre de ces flacons (le flacon est changé à chaque étape de dilution hahnemannienne alors qu'un seul flacon est utilisé pour la réalisation des dilutions selon la méthode dite de korsakov), fréquence des secousses de dynamisation, nature de ces secousses (mouvements linéaires, de rotation ou de retournement des flacons associés ou non à des chocs), durée de la dynamisation, ou, selon un mode préparatoire particulier, utilisation d'irradiation par ondes électromagnétiques.
Une partie des solutions qui ont servi à l'étude de ces paramètres, m'a été adressée, après entente, par des préparateurs connaissant mes travaux et acceptant le risque de remettre en question leurs protocoles de fabrication.
En effet, certaines des filiations soumises aux mesures donnèrent des résultats négatifs, en ce sens que les profils de temps de relaxation leur correspondant ne comportaient pas de valeurs significativement différentes de celle correspondant à l'eau ayant servi à leur préparation, toujours jointe en référence.
Toutes les demandes de mesures n'ont pu être prises en compte, certains demandeurs se trouvant fort éloignés (on remarquera à ce propos que finalement des travaux peuvent avoir largement diffusé en dehors du réseau officiel...).

CHAPITRE V : Le rôle de l'oxygène

Le contenu des préparations homéopathiques semblait prendre un aspect plus concret. Néanmoins, les mesures des temps de relaxation ne me satisfaisaient pas complètement, n'étant pas univoques (29) puisque des T2 (ou T1) identiques ne correspondent pas forcément au même processus sous-jacent.
Etant donnée la dilution de la substance dissoute lors du procédé de préparation homéopathique, il apparaissait évident que s'il existait réellement des "entités" spécifiques dans ce type de milieu, elles ne pouvaient s'organiser, d'un point de vue moléculaire, qu'à partir du solvant lui-même.
Cependant, il me semblait insuffisant d'envisager des interactions intervenant uniquement entre molécules d'eau et plus exact d'élargir le champ de ces interactions aux atomes constitutifs de ce solvant, hydrogène et oxygène.
Avant de concevoir puis de mettre au point des réactions chimiques susceptibles d'explorer ces hypothétiques entités, la participation de l'oxygène au phénomène mis en évidence par RMN, fut vérifiée en mesurant, en plus du temps de relaxation T2 de l'hydrogène, celui de l'isotope 17 de l'oxygène. Les mesures effectuées en parallèle sur une série de dilutions homéopathiques montrèrent très nettement qu'il y avait superposition des deux tracés de T2 après normalisation des résultats, c'est-à-dire en mettant en accord les échelles de temps (B. Fenet) (Fig.13).
Ainsi un argument supplémentaire venait conforter l'hypothèse d'un phénomène d'organisation du milieu sur lui-même mettant en jeu aussi bien les deux espèces atomiques de l'eau (Réf 7).
La mise au point de réactions biochimiques appropriées à l'analyse des solutions homéopathiques m'apporta un nouveau moyen d'approche du phénomène mis en évidence par les mesures de RMN.
Elles révélèrent que les variations de temps de relaxation enregistrées d'une dilution à une autre, s'accompagnaient de l'apparition de produits au sens chimique du terme, c'est-à-dire de la transformation d'une structure atomique en une ou plusieurs autres.
La mise au point de ces réactions biochimiques partit de l'hypothèse de la présence d'édifices "moléculaires" ayant comme constituants atomiques l'oxygène et l'hydrogène qui, comme je l'ai expliqué précédemment, me paraissait la seule permise.
J'entrepris de faire agir des systèmes enzymatiques capables de reconnaître, de réagir avec et de modifier ces édifices.
Le choix retenu fut celui des systèmes péroxydasiques dont il existe une multitude en biologie.
Ces enzymes ont un rôle tout à fait fondamental puisqu'ils interviennent dans tous les métabolismes de l'organisme humain.
Aussi leur distribution est-elle vaste et sont-ils retrouvés aussi bien dans les cellules (au niveau des membranes en particulier) que dans les liquides

Fig. 13 : Relaxations comparées du proton et de l'oxygène lié de l'eau. Les tracés correspondant aux T2 du proton (1H) et de l'oxygène lié (17 O) de l'eau en fonction du degré de dilution-dynamisation des préparations, montrent des variations parallèles.

extra-cellulaires (en particulier dans certaines sécrétions telles que larmes, salive, sécrétions du col de l'utérus, lait maternel etc...).
On peut remarquer que ces systèmes sont très abondants au niveau des interfaces entre les structures vivantes individualisées et leur environnement telles que, chez l'homme, la salive (interface avec les aliments), les larmes (interface avec l'air, la lumière), les sécrétions du col utérin (interface avec le sperme) etc.
La présence de ces systèmes a au moins deux types de conséquences résultant,pour l'un, d'une action directe sur des constituants isolés (cellules par exemple) et pour l'autre d'une action au niveau central de l'organisme.
Alors que le premier type d'action peut être aspécifique, le second doit être a priori spécifique.
En accord avec l'hypothèse des édifices moléculaires, je choisis une enzyme capable d'atteindre des structures cycliques substituées par des radicaux hydroxyles (OH) et une autre capable de détruire seulement des molécules "simples" (telles le peroxyde d'hydrogène, H202) qui devaient être libérées dans le milieu à partir des édifices sous l'action de la première enzyme dans le cas où l'hypothèse se révélerait positive.
Après voir déterminé les conditions opératoires optimales, ces réactions furent appliquées à différentes solutions homéopathiques.
L'ajout des systèmes enzymatiques provoqua des modifications hautement significatives et reproductibles des T2 de ces solutions, en accord avec l'hypothèse posée.
Ces résultats allaient dans le sens de l'existence d'édifices moléculaires dont la destruction par les peroxydases rend compte des variations de relaxation magnétique observées consécutivement à l'action de ces enzymes (Fig. 14).

Fig. 14: Profils des densités optiques (DO) obtenues après action des peroxydases sur une série de dilutions hahnemanniennes..
Le tracé des DO est superposé à celui des T2 obtenu avant action des peroxydases.

Les peroxydases s'ajoutaient ainsi à la liste des agents destructeurs déjà cités, chaleur, ultrasons et irradiation photonique.
Les cinétiques de ces réactions enzymatiques furent mesurées, elles étaient très élevées et comme on peut le voir, oscillantes et décroissantes (Fig. 15).
Cet aspect évoque des attaques discontinues des édifices, pouvant être reliées à la récursivité(30) du milieu (il s'agit d'amas d'eau aux dépens d'eau).
Certaines molécules ont pu être utilisées afin de pouvoir mieux cerner les entités présentes dans le milieu, ou apparaissant lors de l'action d'agents physiques dénaturants.
Ainsi, l'orthophénylènediamine (OPD) est un substrat chromophore qui se transforme en un composé, coloré sous l'action de peroxydes.
Lorsqu'il est ajouté à une même concentration à une solution homéopathique et à l'eau ayant servi à la préparation de cette solution, il permet de montrer que la photolyse(31) induit une libération de peroxydes beaucoup plus importante dans la solution que dans l'eau.
Fig. 15 : Exemple de cinétique enzymatique correspondant à l'action des peroxydases sur une dilution hahnemannienne.
Après introduction de peroxydase au temps 0, la DO de l'eau ayant servi à la préparation de la solution homéopathique reste inchangée (A), tandis que celle correspondant à cette solution montre un pic instantané suivi d'une décroissance rapide (B).


CHAPITRE VI : Analogie avec les objets fractals

Lorsqu'elle s'était révélée, la discontinuité des profils de T2 des filiations homéopathiques (cf. chapitre III) m'avait frappé, mais ce n'est que plus tard en 1987, au cours d'une promenade sur une plage de l'Atlantique qu'elle s'associa dans mon esprit aux notions de chaos et d'objet fractal(32) .
Cette idée était probablement liée en partie au fait que je me trouvais alors près des côtes de Bretagne, elles-mêmes décrites en tant qu'objet fractal par Mandelbrot (Réf 8). Voici la définition du néologisme "fractal" proposée par son créateur, Mandelbrot : "se dit d'une figure géométrique ou d'un objet naturel qui combine les caractéristiques que voici.
A) Ses parties ont la même forme ou structure que le tout, à ceci près qu'elles sont à une échelle différente et peuvent être légèrement déformées.
B) Sa forme est, soit extrêmement irrégulière, soit extrêmement interrompue ou fragmentée, et le reste quelle que soit l'échelle d'examen.
C) Il contient des "éléments distinctifs" dont les échelles sont très variées et couvrent une très large gamme".
Il est dès lors difficile de traduire de façon linéaire et chronologique mon travail tant les interactions "théorie-pratique" s'entremêlèrent pendant 6 années.
L'idée fractale servit petit à petit de fil conducteur, jusqu'à prendre le pas sur l'expérimentation "instinctive" en permettant de concevoir et de prévoir certaines propriétés des dilutions homéopathiques en fonction de leur mode de préparation. Cette approche m'apporta ainsi des satisfactions scientifiques difficiles à faire partager. L'analogie faite avec les objets fractals porta tout d'abord sur la façon dont pouvait se produire la structuration des solutions homéopathiques lors de leur préparation. La molécule dissoute initialement dans la solution mère peut être assimilée à un germe(33) (support matériel doué d'une évolutivité spécifique).
Les secousses de dynamisation engendrent à certaines fréquences des frictions entre la molécule- germe et les molécules d'eau et des résonances par cavitation (34) .
Les énergies mises en jeu doivent être considérables et il peut alors se produire des structurations type amas de percolation(35) autour des germes, mais avec la particularité déjà évoquée, que les amas sont constitués des mêmes atomes que le milieu environnant (auto-organisation), un peu comme dans une gravure d'Escher(36) où l'objet et le fond d'une représentation s'interpénètrent (Fig. 16).
Ainsi les germes se trouvent enveloppés par des structures "aqueuses" dont la constitution est fonction des caractéristiques physico-chimiques (mouvements électroniques, champs électro-magnétiques, énergies de vibration, de rotation etc...) de ces germes.
Une analogie peut être établie avec une boucle en programmation.
Le germe et son environnement peuvent être assimilés à un système d'équations présentant des propriétés d'auto-similarité de sorte qu'à la fin des itérations (= répétitions)

Fig. 16 : Gravure de M.C. ESCHER (Métamorphose ll). Cette xylogravure illustre le thème de la métamorphose, le fond du dessin devenant progressivement sujet principal, tandis que le sujet initial disparait peu à peu dans le fond.

de la boucle(37) , l'image résultante qui est plus ou moins étendue selon le nombre d'itérations fixé, comporte toujours le même motif fondamental, appelé attracteur ou graine.
Lors du processus de dilution homéopathique (passage de la 4ème à la 5ème CH par exemple), une partie de la solution structurée (4ème CH) est transférée dans un milieu de même potentialité chimique.
Les germes apportés vont se trouver dilués par rapport à leur milieu d'origine (dilution) mais les amas transférés vont pouvoir envahir la nouvelle solution en provoquant de nouveaux amas de percolation lors des succussions de la solution (dynamisation).
Le même phénomène se reproduira lors de l'étape suivante de dilution-dynamisation et tout au long d'une filiation homéopathique jusqu'à l'infini mais avec la particularité qu'à chaque étape, les amas pourront, en fonction d'une "taille critique", soit imploser, soit exploser.
Cette double éventualité sera à l'origine d'une évolution chaotique des signaux émanant de ces milieux qui restent dans un état hors de l'équilibre.
Pour reprendre l'analogie informatique, le passage d'une dilution homéopathique à la suivante correspond à l'intrication d'une première boucle dans une seconde comportant pour chaque passage à l'infini (correspondant à une explosion des amas) une condition de choix (saut conditionnel(38) ).
La simulation sur micro-ordinateur me donna un certain nombre d'idées en me permettant d'observer non pas seulement l'image-objet final mais plutôt le déroulement dynamique de sa construction qui paraissait cohérent avec les résultats de l'expérimentation physico-chimique.
Ainsi de même que certaines conditions d'itérations peuvent amener à un dépassement de capacité (overflow), ne pouvant être jugulé par les conditions du saut, de même une fréquence des secousses de dynamisation trop élevée, étant source d'une énergie trop importante avec "explosion" permanente, empêche la structuration des amas.
Dans l'un et l'autre cas, la vitesse d"'explosion" tend vers l'infini dès le temps zéro.
La progression par implosion ou explosion tout au long des dilutions d'une filiation homéopathique est cohérente avec l'évolution chaotique des temps de relaxation magnétique caractérisant cette filiation.
Les montées de temps de relaxation abruptes qui sont en faveur d'une augmentation des transferts de protons seraient ainsi en relation avec les explosions libérant des amas et dégageant des radicaux réactifs accessibles aux réactions péroxydasiques qui sont alors maximales.
Réciproquement, les diminutions des temps de relaxation correspondent aux phénomènes d'implosion-contraction qui le plus souvent sont progressifs.
Dans ces cas, les structures des amas se solidarisent, s'internalisent tout en augmentant leur potentiel, masquant ainsi au milieu les radicaux réactifs mis en évidence par l'enzymologie.
Cette conception-interprétation dont on peut discuter, a eu l'énorme avantage de réunir de façon cohérente des observations "magiques" c'est à dire inexpliquées, dans un cadre compréhensible permettant le passage du complexe au compliqué.

Mes expériences se sont alors poursuivies dans un nouvel enthousiasme car sans modèle de compréhension, le travail expérimental devient rapidement fastidieux .
C"est ainsi que je trouvai un moyen de mesurer la dimension fractale ("nombre qui quantifie le degré d'irrégularité et de fragmentation") des solutions homéopathiques qui, contrairement à celle de l'eau utilisée pour la réalisation de ces solutions, apparut fractionnaire.
De plus l'indice fractionnaire ou fractal se révéla variable entre 1,31 et 1,75 tout au long des étapes préparatives d'une filiation homéopathique comme si les amas devenaient de plus en plus "denses" et s'éloignaient les uns des autres au sein du milieu. Cette information vint compléter les mesures d'état local apportées par les temps de relaxation.
Par ailleurs, les amas des solutions homéopathiques, s'ils existaient réellement, devaient pouvoir être visualisés et l'analyse macroscopique de leur image devait permettre une vision des "germes" au sens interactionnel du terme, probablement sous forme d'orbitales compliquées mais comparables d'une solution à une autre dans une filiation homéopathique donnée et différente de celles caractérisant une autre filiation.
De telles images furent effectivement obtenues à partir de séries de dilutions correspondant à trois substances différentes sous forme de cristaux (Fig. 17, A, B et C).
Elles présentent des points communs à l'intérieur d'une même série et par contre diffèrent nettement d'une série à une autre.
Cependant, si ces résultats sont intéressants, ils ne sont encore pas assez développés pour être commentés davantage.

Fig. 17 A: Cristaux de Thuya Occidentalis 15 CH Fig. 17 B: Cristaux de Rhus Toxicodendron 9 CH et 15 CH. Fig. 17 C: Cristaux de Natrum Sulfuricum 15 CH.
En conclusion à l'ensemble de ces données expérimentales, je créai un programme de simulation sur Macintosh (Apple Computer ® ) permettant la représentation de l'évolution des amas d'eau en fonction des étapes de préparation d'une filiation homéopathique et calculant une grandeur assimilable à la relaxation magnétique des solutions composant cette filiation (Fig. 18).
Fig. 18 : Simulation des étapes de préparation d'une filiation homéopathique.
Ces images ont été obtenues à partir d'un programme de simulation illustrant l'évolution des formes des amas d'eau (partie supérieure de la figure) et des relaxations magnétiques (partie inférieure de la figure) tout au long des étapes de préparation d'une filiation homéopathique.
On note l'aspect chaotique de cette évolution.

CHAPITRE VII : Proposition d'un modèle d'action des solutions homéopathiques

Au delà des aspects physico-chimiques, peut-on proposer un modèle d'action thérapeutique sur la matière vivante de tels amas? Oui, mais la proposition qui suit ne constitue qu'une hypothèse résultant d'un raisonnement déductif qui n'a pas encore été confrontée à la réalité de façon pratique.

Il est envisageable que le mode de préparation particulier des remèdes homéopathiques leur confère des qualités informatives. Le modèle de l'information (théorie de l'information) (Réf 9) nous apprend tout d'abord que "information is no matter, no energy ".
Un système capable de générer et d'échanger de l'information est constitué de plusieurs entités: un émetteur (comprenant lui-même une source, un alphabet et un générateur), un canal de transmission (39) (élément le plus développé à notre époque où l'on fait souvent la confusion, volontaire ou non, entre canal de transmission et information(40) ), enfin le récepteur (comprenant lui-même un détecteur, un alphabet et un effecteur).
Ces trois entités sont indissociables pour qu'il y ait information et communication(41) . Toute défaillance de l'un de ces éléments est à l'origine d'une perte de communication: sans émetteur, il n'y a pas de message, sans récepteur, même si un signal est émis, il n'y a pas non plus de message. Partant des résultats expérimentaux qui montrent que la "structuration" en amas spécifiques des solvants des remèdes homéopathiques peut être reconnue, attaquée et détruite par les systèmes peroxydasiques de l'organisme, il est possible de proposer un modèle explicatif du mode d'action de ces remèdes.

Les attaques enzymatiques successives qu'ils subissent dans l'organisme pourraient provoquer des libérations pulsées de protons à des fréquences et des amplitudes fonctions de leur "dilution". Ces trains d'ondes seraient susceptibles de déclencher des réactions au niveau central en cas d'accord avec les récepteurs.
Ainsi une solution "diluée-dynamisée" d'une substance constituerait une source d'information codée dont l'alphabet serait la substance, le générateur, la dynamisation et le code, les atomes de l'eau et plus particulièrement les protons (le transfert de protons serait pour la matière vivante l'analogue du transfert d'électrons pour l'informatique).
Le message porté par la source serait tout d'abord transformé par les peroxydases de l'organisme sous forme de trains de protons.
Ce signal serait alors détecté par le récepteur et, selon l'état du détecteur, serait ou non suivi d'effets.
La théorie de l'information montre que la réception d'un message non adéquat ne peut augmenter l'incertitude(42) du détecteur et que dans ce cas, tout au plus, il ne se passe rien.
Dans ce modèle, la spécificité du message ne se ferait pas au niveau du décodage enzymatique des peroxydases mais au niveau supérieur de l'intégration.
Ainsi dans tous les cas, tout remède homéopathique serait décodé sans pour autant avoir systématiquement d'effet physiologique. Par contre, ce modèle laisse prévoir des modifications possibles du signal par des sources de bruit pouvant transformer sa signification.
Ainsi, par exemple, lors du contact entre le remède et les peroxydases salivaires, il se pourrait qu'en cas de présence dans la bouche de certaines substances, du fait d'une capture de protons, le signal soit brouillé.
Aussi, la prescription médicale doit-elle en tenir compte dans le mode d'administration.
De plus, la sensibilité du récepteur et de l'effecteur semble devoir être variable. Aussi pour optimiser un traitement, faudrait-il faire coïncider l'administration du médicament avec les périodes d'apparition ou d'exacerbation des symptômes qui refléteraient les plus hauts niveaux de sensibilité du récepteur.
La caractérisation des remèdes dans les matières médicales homéopathiques comporte d'ailleurs souvent des précisions relatives aux moments d'aggravation (ou d'amélioration) des symptômes.
Ces données provenant de l'observation sont confortées actuellement par les apports de la chronobiologie qui a déjà montré que les messages hormonaux obéissent à des lois de périodicité.
Une mise en correspondance des données symptomatiques de l'homéopathie et des connaissances acquises dans le domaine de la chronobiologie(43) apporterait beaucoup à la modélisation des processus vivants.

CONCLUSION

Il est clair que beaucoup de travail reste à accomplir tant sous l'angle diagnostique que thérapeutique, pour optimiser et développer ce moyen privilégié de communication que constitue l'homéopathie. Néanmoins, les méthodologies adéquates à cette problématique existent et ne demandent qu'à être appliquées. Ainsi, par exemple, l'analyse des données me permet actuellement une nouvelle approche des matières médicales.

Par ailleurs, des confirmations biologiques de la réalité de ces communications peuvent être attendues des recherches sur les molécules "messagers" (interférons, interleukines, cytokines etc.,.).

Ces dix années de recherche (1983-1993) tant expérimentale que théorique m'ont amené à proposer le modèle d'action thérapeutique décrit.
Celui-ci s'intégrera tout naturellement à l'époque à venir qui devra maîtriser la communication après l'avoir établie sur l'ensemble de la terre, maîtriser les données environnementales, développer les modèles dynamiques sous l'angle fractal et refondre les conceptions fondamentales dans une vision holistique(44) .

BIBLIOGRAPHIE

1 : Codex, Pharmacopée française, 8ème édition, 1965.

2 : Benzécri J.P. , L'analyse des données, Ed. Dunod, 1982.

3: Lasne Y., Duplan J.C, Mallet J.J., Bonmartin A., Fenet B, Briguet A. et Delmau J.
Mise en évidence de variations de temps de relaxation T2 de solutions "homéopathiques"(dynamisées-diluées), 1er congrès du G.R.A.M.M. (Groupe de Recherche sur les Applications du Magnétisme en Médecine), Lyon, 20-21 Septembre 1985.

4: Lasne Y., Duplan J.C et Mallet JJ. Mise en évidence de signaux physiques émanant de solutions diluées-dynamisées ou "homéopathiques", 2ème Bulletin du M.TS. (Medical Telematic System), Ed. Centre Européen d'Informatique et d'Automation, Lacenas, France, Décembre 1985.

5: L'Humanité/Rhône-Alpes/24 Décembre 1986.

6: Lasne Ph. Propriétés des solutions "homéopathiques", mesure de la relaxation magnétique T2, Thèse pour le diplôme de doctorat en Pharmacie, Lyon, France, 270ctobre 1986.

7 : Lasne Y. , Duplan J.C , Fenet B et Guerin A. Contribution à l'approche scientifique de la doctrine homéopathique, De Natura Rerum, 3, 38-43, 1989.

8: Mandelbrot B. Les objets fractals, forme, hasard et dimension, 3ème édition, Nouvelle Bibliothèque Scientifique, Ed. Flammarion, France, 1989.

9: Oswald J. Théorie de l'information ou analyse diacritique des systèmes, Ed. Masson, France, 1986.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier les personnalités qui m'ont aidé dans ce périple difficile tant par leur action positive que négative, l'équilibre résultant de forces contraires.

Je dois néanmoins souligner que les forces positives très peu nombreuses ont dû être d'une très grande intensité pour compenser les négatives innombrables.

Ceci simplifie la liste des noms que je tiens à citer : A. Guérin, J.M. Legay, J. Jacq, J.C. Duplan, A. Briguet, B. Fenet, D. Chessel, E. Hemandez, B. Marichal, A. Picard, E. Reymond, B. Belbeoch, R. Putinier, V. Tardieu, JJ. Mallet, A. Bonmartin et G. Veillas.

Des ouvrages m'ont permis de structurer ma pensée et je tiens à en remercier les auteurs : I. Oswald (théorie de l'information ); D. Hofstadter (Gödel, Escher, Bach), B. Mandelbrot (les objets fractals); J.P. Benzecri (l'analyse des données),. A. Kaufman (théorie des sous-ensembles flous) et J.M. Legay (théorie des modèles).